Politique migratoire française: Quand Manuel Valls vise l'Afrique il est clivant

«J’ai dit, ce n’est pas la première fois et je ne suis pas le seul à le dire, qu’il faut rebâtir un partenariat avec l’Afrique, notamment sur la question migratoire», a répondu Manuel Valls mardi sur BFMTV/RMC, après un début de polémique concernant des propos qu'il a tenus lors du séminaire de rentrée gouvernemental lundi. 

Manuel Valls, Ministre français de l'Intérieur

Selon lui, deux défis majeurs attendent la France. Le premier est relatif à la poussée démographique, notamment africaine, obligeant d'ici dix ans à repenser la politique migratoire française" tout en précisant que la "question du regroupement familial pourrait être revue".  Le second défi dont il fait état est de réussir à prouver que "l’islam est compatible avec la démocratie".

Un renoncement au regroupement familial?

En 2012, selon les statistiques officielles, sur 191 452 nouveaux titres de séjour accordés, 86 572 l’ont été au titre de l’immigration familiale, devant les immigrations étudiante (58 430), humanitaire (18 126) et économique (16 000). Le droit au regroupement familial, reconnu par l’Europe, est inscrit dans la loi française depuis 1974. 

En déclarant que la pression démographique en Afrique allait obliger la France à revoir sa politique migratoire, notamment le regroupement familial, Manuel Valls cannibalise littéralement le gouvernement en utilisant les vieilles techniques sarkozystes que sont : s’assurer une omniprésence médiatique, se permettre de transgresser les limites du politiquement correct imposées par son camp et maintenir un positionnement qui soit majoritaire dans l’opinion française. 

N'est-ce pas une manière de braquer une fois encore les projecteurs de la politique migratoire française sur un continent dont les ressortissants sont très présents en France?

De "l'immigration choisie" de Nicolas Sarkozy à "l'immigration maîtrisée" de Valls, les socialistes au pouvoir en France ouvrent une nouvelle brêche vers l'immigration interdite ou rejetée voire une culture de la peur de l’étranger en territoire français. Une lépénisation donc de la politique migratoire française ou l'exploitation de la ligne de l'extrême droite. Ainsi, une remise en cause du regroupement familial en France serait une insulte au cadre républicain français.