Le syndicalisme français selon Charles Debbasch: La négociation doit remplacer le diktat
Le boycott par la CGT, FO et la FSU de la seconde journée de la Conférence sociale pour l'emploi a de nouveau remis l’accent sur le syndicalisme français, ses forces et ses faiblesses.
Les contestataires du syndicalisme français insistent sur sa faible représentativité. Le taux de syndicalisation est très bas en France. Estimé à 8% en moyenne, il oscille entre 5% dans le secteur privé et 15% dans le public. Ceci nous place loin des autres pays d’Europe. Le taux de syndicalisation n’est-il pas d’environ 70% en Suède ou au Danemark, entre 20 et 30% en Allemagne et en Italie. Le nombre d’adhérents aux syndicats est passé en une trentaine d’années de de 5 à moins de deux millions.et les adversaires du syndicalisme de conclure à l’illégitimité des syndicats français
Et pourtant, la seule CGT avec 700.000 membres a plus d’adhérents que tous les partis français. Les Français qui boudent l’adhésion syndicale participent abondamment aux élections professionnelles. Le taux de participation aux élections d'entreprise: est en moyenne de 70 à 80 %. Il se situe à un niveau bien supérieur à la participation à certaines élections politiques. Les deux centrales CGT et FO ont totalisé les voix de près d'un salarié sur deux.
Il reste cependant que les syndicats français souffrent de leur politisation. Alors qu’ils devraient se concentrer sur la protection des salariés ils restent imprégnés des modèles dépassés de la lutte des classes.
La négociation doit remplacer le diktat. Les Français salariés sont aussi des consommateurs de biens et de services et ils n’acceptent plus de souffrir du déclenchement de grèves qui précèdent la négociation alors qu’il devrait n’être que l’ultime conséquence d’un échec du compromis
Comme les partis politiques, les syndicats doivent s’adapter aux nouvelles exigences des Français.
Charles Debbasch