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20 février 2013

Procès Gbagbo à la CPI: ''Il ne s'agit pas de dire qui a gagné en 2010''

 L’audience de confirmation des charges contre Laurent Gbagbo s’est ouverte ce 19 février 2013 à la Cour Pénale Internationale (CPI). Pendant une dizaine de jours, les juges vont vérifier si l’accusation permet-elle de tenir ou non un procès pour crime contre l’humanité. L’ancien président ivoirien, interné à la CPI depuis 2011, est accusé d’être derrière les violences postélectorales ayant coûté la vie à plus de 3000 personnes.

 

241_la-gambienne-fatou-bensouda-prete-serment-pour-devenir-la-no_721988(F. Bensouda, la procureure gambienne de la CPI)

Pendant plus de 3 heures d’audience, Fatou Bensouda, la Procureure et son équipe accusent notamment Gbagbo,  Simone et Charles Blé Goudé, d’avoir ourdi un plan pour se maintenir au pouvoir et d’avoir poussé les forces (fidèles à lui) à commettre des attaques systématiques contre les civils jugés proches d’Alassane Ouattara, son principal adversaire, sur la base des critères ethniques, religieux ou de nationalité (ivoirité). Ici Gbagbo est accusé de crimes contre l’humanité (meurtres et  viols) commis par les forces qui lui sont favorables.

Bensouda a enquêté des mois durant sur le dossier et a rassemblé plus de 3 000 documents. Elle veut faire  poursuivre Laurent Gbagbo comme co-auteur indirect de crimes contre l'Humanité commis fin 2010-début 2011, lorsqu’il refusait de reconnaître l'élection de son rival Alassane Ouattara à la présidence. Pour l'accusation, les forces pro-Gbagbo auraient alors tué plus de 700 personnes et violé 35 femmes.

Au cours de cette audience, l’accusation doit arriver à convaincre les juges de la cour de la nécessité d’ouvrir ou non un procès contre Laurent Gbagbo alors qu'à Abidjan, ses fidèles l'attendent pour la vraie réconciliation, un processus engagé avec la Commission Charles Konan Banny, un militant du RHDP, la principale coalition au pouvoir en Côte d'Ivoire.

Me Emmanuel Altit, avocat de Gbagbo, aura quant à lui, à relancer la question de procédure  et aussi à exploiter le climat qui prévaut en Côte d'Ivoire actuellement avec des arrestations ‘’arbitraires’’  et qui pourrait dissuader des proches de l'ancien président ivoirien de témoigner en sa faveur.

Laurent Gbagbo ne s'exprimera lui-même que le 28 février. Pas de doute, il se dirait victime d'un complot orchestré par Nicolas Sarkozy et son ami Alassane Ouattara, et qui visait à lui faire quitter le pouvoir en Côte d'Ivoire, alors qu’à l’ouverture de l’audience, Fatou Bensouda a tenu à préciser qu’ : ‘’Il ne s’agit pas de dire qui a gagné l’élection de 2010. Il n’est pas question ici de politique’’. Tout en promettant de fournir des preuves au cours des audiences, l’accusation fonde celles-ci sur des extraits de témoignages, de vidéos, des rapports de l’ONU et d’ONG et des documents saisis dans la résidence présidentielle ivoirienne après l’arrestation de Gbagbo.

Qui est Fatou Bensouda ?

Fatou Bensouda est née le 31 janvier 1961 à Banjul (en Gambie), actuellement  Procureure Générale après avoir été  Procureure Générale Adjointe du Tribunal Pénal International (TPI) depuis Septembre 2004. Elle était auparavant ministre de la justice en Gambie.

Madame Fatou Bensouda, de nationalité gambienne, a été élue au poste de procureure adjointe par l’Assemblée des États Parties le 8 septembre 2004. Elle dirige la Division des poursuites du Bureau du Procureur.  Bensouda détient une maîtrise en droit maritime international et en droit de la mer et est donc la première experte de Gambie en droit maritime international.

Avant son élection, Mme Bensouda a été  conseillère juridique et substitut du Procureur au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à Arusha, en Tanzanie. Elle y a grimpé les échelons pour devenir conseillère juridique principale et chef de la Section des avis juridiques.

Avant de travailler au TPIR, elle fut directrice générale d’une importante banque commerciale en Gambie.  De 1987 à 2000, toujours en Gambie, elle a occupé successivement les postes suivants : avocate générale, principale avocate générale, directrice adjointe des poursuites publiques, procureure générale adjointe et Secrétaire juridique de la République, puis enfin procureure générale et ministre de la Justice, dont les fonctions englobent celles du poste de conseillère juridique principale auprès du Président et du Cabinet de la République de Gambie. 

Née à Banjul dans une famille nombreuse d'un père fonctionnaire et d'une mère femme au foyer, c'est grâce à une bourse de son pays qu'elle fait ses études au Nigéria. Son parcours est aussi fulgurant qu'exceptionnel.

Adjointe de l'ex- procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo depuis 2004, son objectif avait été que les travaux de la cour aient un impact tel qu'elle puisse devenir une force de dissuasion pour prévenir les crimes. Les nombreuses enquêtes de terrain qu'elle a conduites en RDC, Darfour, Côte-d’Ivoire, et les centaines de récits de meurtres qu'elle a recueillis et qui "la hantent encore " ont façonné une personnalité singulière, disent ses proches.

Avec le prisonnier le plus célèbre de la CPI, elle aura fort à faire face à cet historien intellectuellement en pleine forme, et jouer sur sa crédibilité. Mais une question que se posent les ONG et bien de curieux : ‘’ pourquoi  les poursuites de la CPI ne visent pour l’heure que le camp Gbagbo’’ ?

Encore faut-il attendre encore le début du mois de mai (2 mois) pour que les juges se prononcent pour donner ou non, leur feu vert à un procès Gbagbo à la Haye.

 

 

 

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