VENEZUELA: Existe t-il au monde un régime parfait?

Aujourd'hui, une page de l'histoire Venezuelienne se tourne avec l'ère Chavez. Moins de quinze années ont suffi à ce théoricien et grand orateur pour chambouler le paysage politique de toute l'Amérique Latine. Il a été un dirigeant d'une dimension exceptionnelle malgré tout.

De tous les temps, Hugo Chavez est le Chef de l'Etat le plus diffamé du monde, notamment en France et aux Etats Unis. Dans la soirée d'hier, les autorités venezueliennes ont annooncé la nouvelle de son décès à l'âge de 58 ans. Il souffrait depuis 2011 d'un cancer qui l'obligea à se soumettre à des traitements au Cuba peu après sa réélection à la présidentielle d'octobre 2012 alors qu'il se préparait à entamer son nouveau mondat à la tête du Venezuela à partir du 10 janvier 2013.

Le Vénézuéla sans lui....

C'est un pays béni de Dieu en raison des fabuleux trésors de son sous-sol, notamment les hydrocarbures. Mais à une époque réculée, presque toutes ces richesses étaient accaparées par les élites dirigeantes du pays et des entreprises multinationales jusqu'en 1999, et le peuple venezuelien n’en recevait que des miettes de l'exploitation de ces ressources.

Et les gouvernements successifs, démocrates-chrétiens ou sociaux-démocrates, très corrompus et soumis aux marchés occidentaux, privatisaient à tout va. 70,8% en 1996 de la population du pays vivaient donc sous le seuil de la pauvreté. Chavez a pris sur lui d'oser, de mener la révolution au nom du peuple Venezuelien: travailler au profit de ceux, majoritaires, qui vivaient dans la pauvreté. Et il l'a tenu. C'est tout une marque de volonté au poste de commande. Il a mis les marchés au pas et stoppé l’offensive néolibérale qui a longtemps fait plonger son pays.

Une forte implication populaire lui a permis de se réapproprier les secteurs stratégiques de l’économie. Avec la souveraineté nationale recouvré, il a procédé à une redistribution efficace et juste de la richesse du pays au profit des services publics et des laissés pour compte.

La théorie du ''Socialisme du XXIe siécle'' ou la révolution bolivarienne

Avec cette théorie, il a su imposer son socialisme révolutionnaire articulé à la démocratie et à l'écologie. Une politique sociale qui aura des retentissements positifs à l'extérieur, ce qui favorisera les victoires électorales de dirigeants qui s'en reclament ou même entrainer des révolutions progressistes dans la région latino américaine, une sorte de résistance de gauche contre les ravages du néolibéralisme. Chavez a ainsi donné l'appetit de l'impossible à son peuple. Partout viva el commandente.

Politique étrangère selon Chavez

En la matière, il a misé sur l'intégration en privillégiant les axes Sud-Sud. Face aux Etats Unis et de manière exceptionnelle, Chavez impose des relations fondées sur le respect mutuel.  Dans la sous région, il brandit son projet d'unité latino-américaine par le biais de l'ALBA (Alliance Bolivarienne des Peuples de notre Amérique), UNASUR (Union des nations sud américaines) et la Celac (Communauté d'Etats latino-américains et caribéens). Toute une révolution qui a mis fin aux prétentions hégémoniques des Etats Unis dans la région. Tout ceci lui vaudra la haine des classes dominantes.

''Nous devons nous renforcer, notre volonté de livrer bataille, notre conscience. Nous devons construire un monde nouveau et meilleur. Le Venezuela se joint à cette lutte et c’est pourquoi nous sommes menacés. Les Etats-Unis ont déjà planifié, financé et mis en place un coup d’Etat au Venezuela et ils continuent de soutenir les tentatives de coup d’Etat au Venezuela et ailleurs'' Hugo Chavez à la 61ème AG de l'ONU.

La révolution bolivarienne a donc fait chambouler les structures traditionneles du pouvoir au Venezuela et a entériné la réfondation d'une société verticale et hiérarchique. Aujourd'hui au Venezuela, les classes dominantes, se prennent toujours comme les propriétaires légitimes du pays et ont toujours bénéficié des financements de Washington et autres réseaux de la gauche sociale-démocrate française avec une alliance au sein des grands médias, pour mener des campagnes de diffamation contre Chavez.

Sans surprise, des cercles politiques et médiatiques européens les reprennent en coeur: ''Hugo Chavez incarne un régime dictatorial où il n'y a pas de liberté d'expression''. Mais les faits sont têtus.

La preuve c'est que le secteur privé Venezuelien, hostile  à Chavez, y contrôle largement les médias. Sur 111 chaînes de TV, 61 sont privées, 37 communautaires et 13 publiques. Le Venezuela bolivarien est une source d'inspiration où les Etats africains doivent puiser la leçon ''nationaliste'' sans aveuglement ni naiveté. Chavez a arraché son peuple à la résignation.

En attendant de nouvelles élections présidentielles dans les 30 prochains jours, l'ancien chauffeur de bus, le vice-président Nicolas Maduro, dauphin désigné par Hugo Chavez devrait se présenter à l'élection.

Chavez lors de la campagne présidentielle d'octobre dernier

Chavez (au centre) et les frères Raoul et Fidel Castro de Cuba

 Du côté de l'opposition, « Le président Hugo Chavez était un adversaire mais en aucun cas un ennemi. Ce n’est pas l’heure des divergences. C’est l’heure de l’unité. C’est l’heure de la paix » rassurait le dirigeant de l’opposition, la coalition Mesa de la unidad, Henrique Capriles qui ensuite en appelle au respect du deuil.

Selon la Constitution, la présidence par intérim devrait être assurée par le président de l’Assemblée nationale Diosdado Cabello. Si tout va bien Chavez sera inhumé en présence de ses frères de la région latino américiane, le vendredi prochain.